Fusion

Fusion interroge le rapport de la marge au centre, rend hommage aux quartiers, aux extra-muros, à la créativité des banlieues, de l’underground, de la culture hip-hop comme éternelle outsider flamboyante.

Fusion, c’est un hommage puissant aux victimes des violences policières. Une création dense, gracieuse, urgente. Une complicité entre deux femmes – Joëlle Sambi et Hendrickx Ntela – qui transcendent leurs « Arts », le Slam et le Krump, pour créer un langage scénique commun. Entre la lucidité tapie dans les mots de Joëlle, qui livre un texte d’une poésie engagée et enragée sur les violences sociales et policières, et la puissance du Krump d’Hendrickx, dont chaque mouvement
vient traduire les vers, on assiste à un véritable festival d’émotions.

Une poésie exprimée par deux corps différents, deux générations différentes, deux arts différents. Leur rencontre a lieu sur scène, lors d’un hommage rendu à Semira Adamu en 2018, 20 ans après son assassinat par la police belge. L’envie de collaborer ensemble naît tout de suite, comme une évidence. Il y a quelque chose de commun à ces deux artistes, une force intérieure, une puissance dans la voix qu’elle soit slamée pour l’une ou krumpée pour l’autre. On sent aussi un désir de transmission aux générations futures, de mise en lumière de celles et ceux mis de côté par notre société.

La Pavane

Trois figures costumées, comme tout droit sorties du placard, rejouent à l’ombre d’un jardin les jeux furieux du regard occidental, au rythme lent d’une pavane.

Le soleil éclaire ce bout de jardin comme il avait éclairé un autre jardin, le jardin renaissant, en Italie au XVème siècle. Dans ce jardin, nous avons appris à regarder et à désirer le monde. Nous avons inventé les artistes. Et nous avons inventé les conquistadors.  Nous avons inventé les artistes pour qu’ils nous dessinent le monde et les conquistadors pour qu’ils nous le possèdent. Rien de nouveau sous le soleil : nous nous sommes habitués à ce nouveau regard et à ce Nouveau Monde, devenus les nôtres. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi.

Petit spectacle en jardin, La Pavane est une révérence irrévérencieuse faite au jour de notre naissance, celui qu’on a appelé plus tard Renaissance, afin de le peindre sans doute aux couleurs de la fatalité.